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Bolivie : le chef de la lutte antidrogue annonce le retour imminent de la DEA américaine
information fournie par AFP 21/11/2025 à 22:36

Le vice-ministre bolivien chargé des substances controlées Ernesto Justiniano à La Paz, le 21 novembre 2025 en Bolivie ( AFP / Aizar RALDES )

Le vice-ministre bolivien chargé des substances controlées Ernesto Justiniano à La Paz, le 21 novembre 2025 en Bolivie ( AFP / Aizar RALDES )

L'agence antidrogue américaine (DEA) va revenir "très prochainement" en Bolivie, après son expulsion en 2008, a annoncé vendredi dans un entretien à l'AFP le chef de la lutte antidrogue du pays, Ernesto Justiniano, jugeant "exorbitants" les chiffres estimés de la production de cocaïne dans le pays.

Membre du gouvernement du nouveau président de centre-droit, Rodrigo Paz, il détaille la future stratégie antidrogue de la Bolivie, troisième producteur mondial de cocaïne, après la Colombie et le Pérou, selon l'ONU.

La nouvelle administration veut rompre avec les politiques menées sous les gouvernements de gauche d'Evo Morales (2006-2019) puis de Luis Arce (2020-2025), promettant des changements radicaux sur les plans politique, économique, social et diplomatique.

L'éradication des cultures de coca, matière première de la cocaïne, constitue l'un des axes de cette stratégie, tout comme le combat contre les réseaux criminels. La Bolivie entend relancer la coopération avec Washington, mais aussi avec d'autres pays.

- DEA de retour -

La DEA n'est plus présente en Bolivie depuis la rupture des relations bilatérales en 2008, lorsqu'Evo Morales a expulsé l'ambassadeur américain, l'accusant de soutenir un mouvement de droite cherchant, selon lui, à diviser le pays andin.

L'arrivée au pouvoir de Rodrigo Paz début novembre a relancé les relations entre les deux pays, ouvrant la voie au retour de l'agence antidrogue américaine.

La DEA va revenir "très prochainement parce qu'il existe un engagement politique et c'est le plus important", assure Ernesto Justiniano. Selon lui, l'une des principales contributions attendues de l'agence américaine sera la reprise du partage d'informations.

"La coopération internationale est fondamentale", a-t-il jugé, appelant à une coopération plus étroite avec les États-Unis, mais aussi les pays de la région et l'Europe.

"Tous ceux qui souhaitent coopérer avec nous sont les bienvenus, et nous allons coopérer avec le monde entier", ajoute le vice-ministre. "Nous ne serons plus un pays isolé, un pays qui se regarde le nombril et agit uniquement par nécessité politique".

Ernesto Justiniano, 56 ans, qui avait déjà exercé ces mêmes fonctions au début des années 2000, affirme vouloir intensifier l'éradication des cultures de coca illégales et renforcer la lutte contre le narcotrafic.

- "Chiffres exorbitants" -

La Bolivie compte 31.000 hectares de cultures de coca, dont seulement 22.000 reconnus légales, selon les Nations unies. Il n'existe pas de données actualisées sur le potentiel de production de cocaïne.

Ernesto Justiniano évoque des niveaux alarmants. "Les chiffres sont exorbitants", affirme-t-il, estimant que la production annuelle pourrait atteindre aujourd'hui quelque "300 tonnes".

Selon lui, il fallait autrefois environ 345 kg de feuilles de coca pour produire un kilo de cocaïne, contre 140 à 160 kg aujourd'hui, en raison de procédés plus modernes. "Avec un hectare de coca illégale, je peux produire plus du double de cocaïne qu'il y a vingt ans", souligne-t-il.

Le pays manque toutefois de moyens pour faire face à cette hausse. "Notre capacité réelle de déploiement est minimale", admet le chef antidrogue, évoquant des hélicoptères et des avions antidrogue immobilisés faute d'assurance ou de pièces de rechange.

"Toutes les incursions (...) se font par voie terrestre", assure-t-il. "Et une fois sur place, ils doivent rejoindre les points suivants à pied, faute même de carburant pour les véhicules".

La Bolivie traverse sa pire crise économique en quarante ans, aggravée par une pénurie de dollars. Quelques jours après son investiture, le président Rodrigo Paz a accusé la gauche d'avoir laissé derrière elle un État s'apparentant à un "cloaque" d'une ampleur "inattendue".

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